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Biographie de Cornelis Buitendijk

  • Photo du rédacteur: Simone Pourprix Groenenboom
    Simone Pourprix Groenenboom
  • 27 juil. 2024
  • 6 min de lecture

Chacun sa route


Nous sommes aux Pays-Bas, dans la province de Zuid-Holland, et l’ile de Hoeksche Waard, Jan BUITENDIJK et Aagje VAN DER STOUW ont quatre enfants : Adriana, Cornelis, Arie et Annigje.


Ma grand-mère Annigje, ma grand-mère - Oma - est le petit chouchou de la famille et plus particulièrement de Cornelis - Kees – mon grand-oncle qui s’occupe beaucoup d’elle étant petite. Ils se marient tous les deux, fondent une famille et se voient très régulièrement. En 1932 ma grand-mère Annigje BUITENDIJK et mon grand-père Cornelis IN ‘T VELD, attendent un quatrième enfant, secrètement ils espèrent avoir un garçon, pour pouvoir donner le prénom du grand-père maternel, Aart In’TVELD, mais ce sera une fille : Adriana Aartje, ma maman. Cette même année mon grand-oncle Kees prend une décision qui va à jamais changer sa vie. Un beau jour le destin a croisé la route de ces personnes et le fait d’accepter de suivre cette route les a éloignés de leur terre natale.


En 1982 j’ai suivi mon destin, et plus particulièrement l’homme que j’aime, en venant m’installer en France, mais ça c’est une autre histoire ! Mes enfants ou petits-enfants la raconteront peut-être un jour. 



Jeunes mariés


Cornelis BUITENDIJK nait le 2 juillet 1898 à Westmaas, il va à l’école du village de 1904 à 1911 et termine ainsi sa scolarité à 12 ans. Comme tout le monde il travaille la terre avec son père dès la fin de l’école. Il fait son service militaire en 1918, heureusement pour lui les Pays-Bas étaient neutres pendant la première guerre mondiale et il n’a pas eu à se battre sur le front. 


Il fait la rencontre Annigje de BRUIN qu’il est bien décidé d’épouser, mais les parents de la jeune fille ne l’entendent pas de cette oreille et s’oppose fermement à cette union. Bien que les deux familles soient d’origine modeste la maman d’Annigje tient un ‘magasin’ c’est-à-dire un petit coin au sein de la maison où elle vend un peu de tout. Ce statut lui laisse penser que sa fille peut épouser quelqu’un de rang social supérieur. Mais c’est sans compter la perseverance et l’obstination de Kees, il veut que Annigje devienne sa femme et il fera tout ce qui est en son pouvoir pour y parvenir. En 1921 il arrive à dénicher une petite maison où il pourra s’installler avec sa future femme et fonder une famille. Encore une fois il demande la permission d’épouser Annigje, et enfin le père accepte mais la mère reste réticente à l’idée de ce mariage. Le père accompagne le jeune couple à la mairie mais rentre à la maison dès la fin de la cérémonie et mère ne se déplace pas du tout. 


Il se marie le 6 mai 1921 et s’installe avec sa femme : Annigje DE BRUIN à Klaaswaal. Bien entendu il continue de travailler la terre pour le compte d’un paysan et travaille beaucoup à côté pour faire rentrer un peu plus d’argent au foyer. Pendant un temps il a travaillé comme apprenti meunier, mais il n’en a pas fait son métier.En ces temps de crise tout les moyens sont bons pour gagner un peu plus et arrondir ses fins de mois, d’autant plus que 2 enfants viennent agrandir la famille assez rapidement. Depuis toujours les femmes s’occupaient de l’élevage de volailles alors que les hommes s’occupaient des cochons, vaches et autres bêtes. Dans les années 30 l’élevage de volailles, et plus particulièrement de poules, s’organise et devient l’affaire des hommes qui créent des syndicats et en font une véritable profession. Kees décide donc de faire de l’élevage de poules et d’en faire une activité lucrative. Sa femme, Annigje, est souvent souffrante et doit sur ordre du médecin faire des cures dans des régions plus clémentes pour son rhume des foins. Après avoir fait des allers retours en cure à Zeist dans la province d’Utrecht il faut se rendre à l’évidence, il va falloir trouver une solution à ses problèmes de santé.


Père et fils sur le toit de la maison à Klaaswaal
Hoeksche Waard

Viens ma poule


L’élevage de volailles pourrait bien être la solution tant attendue pour concilier la santé d’Annigje avec un revenu pour faire vivre la famille. Au début des années trente l’industrie de l’élevage de volaille ne fait que commencer, mais très vite une région se dessine pour accueillir les futures exploitations, celle que Annigje fréquentait pendant ses cures. La décision est prise de quitter l’ile de Hoeksche Waard et de se mettre en route pour Driebergen. Bien que la distance entre sa terre natale et cette nouvelle adresse n’est que d’environ 80 kilomètres, ma grand-mère a toujours considéré ce départ comme une émigration. 


Je n’ai pas pu avoir de précisions sur le déroulé du déménagement et le voyage entre Klaaswaal et Driebergen mais je pense que l’on peut exclure un voyage en train beaucoup trop difficile à mettre en œuvre et probablement aussi trop couteux.


Déjà la notion de déménagement est complètement différente de ce que nous connaissons aujourd’hui. Les lits étaient encastrés dans les murs des maisons et les possessions d’un ménage se limitaient la plupart du temps à une table quelques chaises, du linge de maison, quelques casseroles et de quoi manger. 


Depuis la fin du 19ème siècle le tram fait son apparition dans le paysage et facilite le transport vers les communes environnantes, mais la région reste tout de même relativement isolée, pour faire 20 kilomètres il faut parfois compter une journée entière de voyage. 


Je n’ai pas non plus pu établir si les poules ont fait le déménagement avec la famille, ou si elles ont été vendues avant le départ. Toujours est-il qu’une fois la famille arrivée à destination Kees commence à monter son entreprise d’élevage de volaille avec sa femme, qu’il appelle « ons genoegen » (notre plaisir). Ils élèvent la volaille et vendent avec succès poules, coqs œufs et pommes de terre sur le marché local. Malheureusement l’entreprise et la maison d’habitation doivent laisser la place à l’autoroute A12, ils sont priés de quitter les lieux en 1939 mais l’autoroute ne sera inaugurée qu’en 1955. Le hangar est mis en vente et la famille déménage de Noorderstraat à Oosterlaan à Driebergen.


La famille au grand complet devant la maison – 1941
La famille au grand complet devant la maison – 1941

Une conversation inattendue


 

Bien que son entreprise tourne bien et que les profits sont suffisants pour bien faire vivre sa famille, Kees décide de mettre fin à cette activité en 1939. Cela fait 7 ans qu’il est installé à Driebergen et il commence à être très connu dans la commune. Il est depuis toujours actif dans la communauté de l’église protestante. De nature empathique et d’une gentillesse inégalée il est la personne indiquée pour venir en aide aux personnes confrontées à un deuil. On lui donne l’occasion de travailler dans une entreprise de pompes funèbres et il accepte de faire ce travail. Pendant plus de 40 ans il a été le soutien d’un nombre incalculable de familles endeuillés. En 1967 il s’est installé à son compte et cette même année il passe avec succès son permis de conduire. Vers l’âge de 80 ans il décide que l’heure de la retraite avait sonnée pour lui et s’est arrêté de travailler. Cornelis -Kees- Buitendijk s’est éteint à l’âge de 95 ans le 14 octobre 1993 à Driebergen où il est enterré.



Le mal du pays


Je pense que l’on peut dire que son intégration dans cette nouvelle commune et province a été réussie, mais tout au long de sa vie il a eu la nostalgie de sa terre natale. Il revenait régulièrement rendre visite à ma grand-mère qui avec sa famille nombreuse (8 enfants) n’avait guère le loisir d’aller visiter son frère à Driebergen. Il était un des premiers à faire installer le téléphone pour faciliter les contacts avec sa famille et pour ne plus avoir à faire de longs voyages il décide de passer son permis et d’acheter une voiture. Ma grand-mère a, quant à elle, toujours considéré son départ comme une émigration et elle m’en parlait à chaque fois que je lui rendais visite pendant les vacances. On peut se poser la question si une telle réussite aurait été possible pour mon grand-oncle s’il avait décidé de ne pas partir, les préjugés qu’il avait connus avec sa future belle-famille l’aurait probablement poursuivi dans ses projets professionnels ambitieux. Il aurait pu vivre de l’élevage des volailles mais travailler dans les pompes funèbres aurait été vraiment plus difficile. En déménageant il a en quelque sorte commencé sa vie à zéro et s’est libéré des contraintes que la communauté impose.

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