Emigration Arie Groenenboom
- Simone Pourprix Groenenboom
- 27 juil. 2024
- 8 min de lecture
A la fin du 19ème siècle les paysans font face à une crise agricole sans précédent aux Pays-Bas, dans le sud-ouest du pays la population ne fait pas exception, et doivent trouver des solutions pour pouvoir continuer à faire vivre leurs familles. Une de ces familles concernées par cette crise est la famille Groenenboom. Mon arrière-arrière-grand-père né le 12 août 1810 à Rhoon, a eu sept enfants avec sa femme Grietje Vermaat née le 31.07.1816 dont quatre ont atteint l’âge adulte. Mon arrière-grand-père, Johannes était le fils ainé mais ce n’est pas lui qui a repris la ferme familiale après la mort de son père, c’est son frère Arie le plus jeune de la fratrie. Ce n’était pas pour autant un cadeau, car il devait racheter d’abord les parts pour les bâtiments puis payer un loyer au propriétaire des terres. Dans le contexte économique difficile de cette fin de siècle, il a pris la décision de quitter les Pays-Bas pour aller en Amérique où plusieurs membres de sa belle-famille s’étaient déjà installés.
En 1887 Floris Kleinjan 24 ans est le premier à partir, il traverse l’océan à bord du Rotterdam (Holland Amerika Lijn) sa famille l’ayant envoyé en éclaireur. Il s’installe à Orange City et se marie en 1891 avec Nellie Niemantsverdriet. Les messages qu’ils envoie à ses frères et sœurs restés à Pernis et Poortugaal devaient être si positifs que le 2 mars 1889 son frère Jacob Kleinjan part à son tour pour les États-Unis avec sa femme Maartje den Boer et leurs trois enfants. Quelques semaines plus tard 23 personnes font le voyage pour aller rejoindre la famille à Orange City. Il s’agit de Arie Kleinjan et sa femme Maria Elisabeth de Koning avec huit enfants, Pieter Kleinjan et sa femme Janetta Koolen avec sept enfants et Arie Groenenboom et sa femme Niesje Kleinjan avec leurs trois enfants. Ces derniers ont vu mourir trois de leurs six enfants entre le 25 janvier 1888 et le 8 février 1888 de la diphtérie. Cela a surement influencé leur choix de quitter leur maison afin d’oublier ces moments difficiles. L’exode de cette famille n’est pas fini pour autant, quelques années plus tard en 1893 l’un des deux frères restés aux Pays-Bas, Jan Kleinjan perd sa femme et sa fille cadette et décide de partir aussi pour les États-Unis accompagnés de ses huit enfants. Sur les neuf enfants de cette famille six ont fait le choix de commencer une nouvelle vie de l’autre côté de l’océan.
Jan Kleinjan avec ses enfants à leur arrivée aux États-Unis en 1893 - Pieter Kleinjan et Janette Koolen


Encore en deuil après la perte douloureuse de nos chers enfants Anna, 3 ans et Maartje, 4 ans le 25 et le 27 janvier dernier, une nouvelle perte douloureuse nous a frappé avec le décès de notre chère fille Grietje, 2 ans. Poortugaal 8 février 1888.

A notre départ pour l’Amérique du Nord, nous saluons tous nos amis et connaissances. Poortugaal 30 mars 1889
Le voyage
Comment se passait ce genre de voyage à cette époque, prenons le voyage des 23 personnes parties sur le SS Waesland de la compagnie belge Red Star Line en 1889 qui faisait la liaison Anvers-New York. Sur le bateau il y avait de la place pour 120 passagers en 1ère classe et 1500 en 3ème classe. La compagnie Red Star Line était fondée en 1873 pour transporter de l’huile depuis les États-Unis vers l’Europe et ramener le plus de passagers que possible sur le chemin du retour. Le gouvernement belge n’autorisait pas l’association du transport d’huile et de passagers donc la compagnie à fait le choix de ne transporter que des passagers. Le confort à bord était, du moins pour la 3ème classe très rudimentaire et les passagers enduraient beaucoup de souffrances.

Leur voyage commençait à la gare de Rotterdam, pour s’y rendre il n’y avait pas beaucoup de solutions, à pied avec une charrette pour transporter les bagages ou par bateau, le moyen de transport le plus utilisé et le plus rapide pour l’époque. Le terminus se trouvait à la gare Centrale d’Anvers mise en service en 1836. De là il fallait prendre la direction du port où se trouvait le hangar de départ. la plupart du temps les quelques 1500 passagers du bateau arrivaient avec le train, dans les jours qui précédaient le départ du bateau.

Il y avait énormément de gens venant de l’Europe de l’Est et de Russie ou d’Allemagne. Ces personnes avaient déjà passés plusieurs jours au bord du train dans des conditions d’hygiène déplorables et étaient débraillées et répandaient une odeur nauséabonde. La plupart du temps les poux et les puces les accompagnaient tout au long du voyage. Cette meute prenait leur quartier dans les hôtels environnants et les habitants d’Anvers ne voyaient pas d’un bon œil l’arrivée de ces voyageurs et se plaignaient régulièrement du bruit, du désordre et de la puanteur.
Le jour du départ tout le monde devait passer la visite médicale, en 1889 le médecin contrôlait plus de cinq émigrants en moins d’une minute et vérifiait surtout les yeux et se satisfaisait assez rapidement de l’état des voyageurs. La visite se pratiquait dehors sur les quais, qu’il fasse chaud ou froid, peu importe. Même si les émigrants passaient cette inspection sans problèmes, et pouvaient embarquer sur le bateau, rien ne garantissait qu’à l’arrivée à New York ils passent l’inspection avec succès et le risque de devoir faire demi-tour et rentrer au pays était toujours présent.

Plus tard cette visite médicale était complètement revue, car les américains se plaignaient de l’arrivée de trop de gens en très mauvaise santé. Beaucoup étaient refoulés à New York et renvoyer au port de départ, tout ça aux frais de la compagnie maritime.
Un bâtiment dédié aux visites médicales fut construit à Anvers à côté du hangar de départ pour les passagers de 3ème classe. Hommes et femmes devaient se déshabiller dans des cabines de douches ouvertes, déposer leurs habits dans des sacs numérotés et prendre une douche. Une inspection médicale approfondie avait lieu et pendant ce temps les habits étaient désinfectés. Une méthode beaucoup plus efficace mais dépourvue de toute humanité.

Les passagers de 1ère classe étaient traités comme des invités d’honneur. Pour eux pas d’inspection médicale ni de paillasses, à l’intention des riches passagers tout était fait pour créer un cocon élégant et somptueux. A l’intérieur on trouvait des fumoirs ornés de lambris en acajou pour les hommes et différents salons de thé luxuriants pour les femmes. Il y avait des palmeraies éclairées par la lumière tamisée des vitraux, les murs et les plafonds étaient ornés de peintures romantiques, que du luxe.

Arie Groenenboom et Niesje Kleinjan ne voyageaient pas en 1ère classe parce que les frais étaient trop importants, en tant que 3ème classe il ne restait plus qu’à descendre dans les catacombes du bateau où il n’y avait aucune trace de luxe. Ici pas de fumoirs ou de salon de thé mais un espace sommairement meublé avec des parois en acier peints en blanc et prévu pour héberger une centaine de passagers. Tous les passagers de 3ème classe recevaient une paillasse et deux pichets en étain, un pour l’eau potable et un pour la nourriture, la literie et la vaisselle n’étaient pas fournies. Les lits superposés, parfois avec quatre niveaux étaient faits avec de simples planches en bois. Heureusement les familles étaient réunies dans le même espace et les célibataires avaient un espace séparé. La compagnie faisait à manger, même pour les passagers de 3ème classe, mais la qualité n’était pas au rendez-vous. Par semaine ils avaient droit à 2,5 kilos de pommes de terre, 500 g de lard et deux harengs. Par mauvais temps beaucoup de gens souffraient du mal de mer, et comme il n’y avait pour ainsi dire pas de toilettes ni de ventilation et encore moins de douches l’espace de vie se transformait en un rien de temps en pagaille ou les odeurs étaient nauséabondes. Dès que le temps le permettait les passagers se rendaient sur le pont pour prendre un peu l’air. Des maladies se propageaient à la vitesse de l’éclair et il n’était pas rare que des passagers meurent au cours du voyage.
Le SS Waesland n’était pas le bateau le plus confortable, construit en 1867 comme bateau à voile il est devenu un bateau mixte en 1880 après l’installation de moteurs. Par beau temps le voyage qui durait 14 jours, était plutôt agréable, mais quand nos familles ont pris le bateau le temps était épouvantable et le voyage s’est transformé en cauchemar, d’autant plus que le bateau n’était pas des plus surs. D’ailleurs après la traversée de nos trois familles le bateau est retiré de la navigation et n’a pu reprendre la mer qu’après de gros travaux. En 1902 le bateau a coulé après une collision avec le SS Harmonides.

La traversée de l’océan était par conséquent une perspective que craignaient énormément les émigrants. Nos trois familles avaient la chance de voyager sur un bateau à voile et à moteur ce qui permettait de réduire le temps de traversée par rapport à un bateau à voile qui mettait six semaines pour traverser l’océan. Le long voyage finissait à New York dans un hall d’arrivée situé sur Fulton Street. Tous les passagers de 3ème classe étaient inspectés par les services médicaux et administratifs. Les médecins recherchaient surtout les maladies oculaires par peur de maladies contagieuses. Tout le monde n’avait pas la chance de mettre pied sur la terre américaine, les malades, les femmes seules, les prostitués et les vagabonds étaient systématiquement renvoyés, par crainte que ces personnes soient à charge de la société américaine.

Les familles ont débarqué le 14 avril 1889 à New York, bien qu’ils étaient arrivés aux États-Unis, ils n’étaient pas encore arrivés à destination. Ils ont continué leur voyage probablement en train à destination d’Orange City dans l’Iowa, à l’origine cette ville bâtie par des immigrants hollandais s’appelait Holland mais en hommage à la maison royale des Pays-Bas elle fut rebaptisée Orange City. Ici les familles étaient accueillies par le frère célibataire de Niesje, Floris Kleinjan qui leur avait trouvé une maison où ils pouvaient s’installer provisoirement. Orange City se trouvait dans un territoire Sioux et la terre est était très fertile, après une campagne de publicité toutes les terres disponibles ont rapidement trouvé preneur et au moment où les familles Kleinjan et Groenenboom sont arrivées sur place il n’y avait plus beaucoup de terre à vendre. En fait ces familles sont arrivées au plus mauvais moment dans l’Iowa car cet état connait une crise agricole au moins aussi importante qu’au moment de leur départ de Poortugaal, leur installation n’était par conséquent pas de tout repos.
Après avoir cherché en vain des terres à cultiver dans les environs de Orange City Arie Groenenboom et Niesje Kleinjan font des des aller retours entre Iowa et le Dakota du Sud. La famille s’agrandit sur le sol américain avec sept enfants tous des garçons. En tout ils élèvent dix enfants, deux filles et huit garçons.
GROENENBOOM, Arie
Né le mardi 14 septembre 1852 à Poortugaal, NEDERLAND
Décédé le lundi 29 janvier 1940 à Montezuma, USA à l'âge de 87 ans
Parents
fils de GROENENBOOM, Arie (ø 12.08.1810 x 17.03.1839 † 06.01.1888)
et de VERMAAT, Grietje (ø 31.07.1816 † 04.12.1901)
Frères et soeurs
- GROENENBOOM, Johannes (ø 05.01.1840 † 30.04.1840)
- GROENENBOOM, Johannes (ø 01.02.1841 † 12.02.1932)
- GROENENBOOM, Enfant mort-né (ø 01.05.1844 † º+01.05.1844)
- GROENENBOOM, Maria (ø 22.04.1846 † 17.04.1925)
- GROENENBOOM, Anna (ø 10.08.1847 † 09.05.1878)
- GROENENBOOM, Grietje (ø 19.01.1851 † 12.10.1917)
Union et enfants
Marié le jeudi 23 mars 1882 à Poortugaal, NEDERLAND (à l'âge de 29 ans)
avec KLEINJAN, Niesje (ø 19.12.1857 † 13.03.1924)
13 enfants:
- GROENENBOOM, Arie (ø 02.08.1882 † 28.11.1946)
- GROENENBOOM, Maartje (ø 11.08.1883 † 27.01.1888)
- GROENENBOOM, Anna (ø 24.09.1884 † 25.01.1888)
- GROENENBOOM, Grietje, Maria (ø 21.02.1886 † 08.02.1888)
- GROENENBOOM, Pietertje (ø 09.04.1887 † 05.02.1961)
- GROENENBOOM, Maartje (ø 24.08.1888 † en 1953)
- GROENENBOOM, Peter (ø 07.12.1891 † 28.10.1972)
- GROENENBOOM, Johannes (ø 02.09.1892 † en 12.1974)
- GROENENBOOM, Marius (ø 01.06.1893 † 09.07.1969)
- GROENENBOOM, Onno (ø 21.08.1894 † 10.10.1985)
- GROENENBOOM, John (ø 23.09.1897 † 05.01.1978)
- GROENENBOOM, Garret (ø 01.08.1900 † 19.07.1992)
- GROENENBOOM, Floyd (ø 05.04.1902 † 01.05.1969)


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